Le Kintsugi ou l’art de mettre en valeur ses failles invite à la guérison de ses blessures. Au-delà de l’aspect esthétique, c’est une méthode pleine de sens qui permet de guérir du passé. Un processus long, plusieurs étapes doivent s’enchainer d’une manière précise pour assurer une réparation et une renaissance complète.
« La résilience ne s’intéresse qu’aux manières de recoudre ces déchirures traumatiques »
Boris Cyrulnik – Parler d’amour au bord du gouffre
Nous avons tous des failles. La vie est un long fleuve qui est loin d’être tranquille. Un chemin dans lequel nous apprenons de nous mêmes et du monde qui nous entoure. Un parcours de vie qui peut être jalonné d’épreuves difficiles, de joies comme de peines.
Le Kintsugi une philosophie de vie
Le mot Kintsugi vient des mots japonais « kin » qui veut dire or et « tsugi » qui veut dire jointure. L’art du kintsgui se dit « kintsukuroi », ce qui veut dire le raccommodage à l’or.
C’est une technique ancestrale qui a vu le jour au 15ème siècle. Elle consiste à souligner d’or les fissures et même les cassures après réparation. Il est possible de retrouver d’autre type de métal comme le bronze, le cuivre, l’argent qui sont soupoudrer sur les fêlures consolidées par une laque spécifique, l’Urushi.
Peut-être avez vous déjà vu ces poteries japonaises, présentant des lignes irrégulières sur des vases ou des bols. Au delà de l’art, c’est une véritable philosophie de vie qui en ressort: le « Wabi-Sabi« , ou comment être parfaitement imparfait.
C’est une autre manière de voir la beauté, en lien avec l‘acceptation de ce qui est et la symbolique de la guérison et de la résilience.
Entrer en résilience
Définition de la résilience: Aptitude d’un individu à se construire et à vivre de manière satisfaisante en dépit de circonstances traumatiques. (Larousse)
Découvrez ici la définition de la résilience par Boris Cyrulnik.
Lorsque l’on expérimente un traumatisme, le premier souhait est de l’effacer, de revenir en arrière, d’oublier et de faire comme s’il n’avait pas exister.
Mais c’est impossible.
L’événement a bien eu lieu et il est préférable de savoir comment vivre avec, comment avancer malgré tout, plutôt que de rester bloqué dans le passé.
Pour aller de l’avant, un processus de guérison doit se mettre en place et cela peut être long. Si c’est ce que vous expérimentez actuellement, et que vous vous impatientez cette approche peut vous inspirer.
Avant de continuer je vous invite à vous poser ses deux questions:
Capsule coaching: qu’avez-vous appris sur vous mêmes depuis le traumatisme? Qu’êtes vous en mesure de faire aujourd’hui que vous ne faisiez pas avant l’événement?
Le Kintsugi et la notion de temps
« Le sens naît du recul du temps qui permet le regard sur soi et son passé »
Boris Cyrulnik
C’est un processus de réparation extrêmement long qui demande plusieurs semaines de travail voir de mois. Dans un processus de guérison, le temps est un allié qu’il est préférable de ne pas brusquer au risque de bâcler une étape essentielle.
Dans le Kintsugi, si une des étapes n’est pas faite correctement, la réparation n’en sera que superficielle. Et de ce fait, l’objet peut de nouveau casser au moindre choc.
En effet, les étapes de nettoyage, recollage (avec une laque spécifique), séchage et ponçage doivent être respectées pour renforcer l’objet et lui donner une seconde vie.
Le Kintsugi invite à assumer le passé
Le passé est une richesse
Chaque morceaux de l’objet sont récupérés, nettoyés et soignés avant d’être assemblés. Une fois réparé, l’objet retrouve vie en étant différent, avec les traces du temps. Au lieu de chercher à les masquer, le Kintsugi invite à mettre en valeur les cicatrices et son originalité.
Un objet cassé conserve sa valeur, le kintsugi la met en valeur
A l’époque de l’obsolescence programmée et au service après vente compliqué, nous avons tendance à jeter les objets cassés. Trop chers voir impossible à réparer, trop compliqués à envoyer, le consumérisme bat son plein.
Alors que si l’on prend le temps de peindre le meuble de mémé, de customiser un objet passé de date, le résultat peut-être magnifique et original.
Faut-il encore avoir l’envie de le faire, la place et le temps.
Cette manière de consommer peut nous laisser croire que lorsqu’un objet est cassé il n’a plus de valeur car sa valeur « marchande » n’est plus reconnue. Et peut-être avons-nous tendance à projeter cette relation à l’objet « utile » sur notre propre valeur.
Face à un nouveau coup dur, notre estime de soi est mise à l’épreuve. Il est primordial de faire un point sur ses forces pour renaître.
S’aimer tel que nous sommes
Le fait de ne plus pouvoir faire ce que nous faisions avant le traumatisme, de devoir changer nos habitudes ou développer d’autres aptitudes est un chamboulement certain.
Mais c’est aussi une opportunité de pouvoir faire autrement. Et pour vivre au mieux un moment post-traumatique, il est préférable de faire connaissance avec son nouveau soi afin de s’aligner avec la personne que nous sommes devenu.
Conclusion
Que nos blessures soient physiques ou qu’elles soient psychiques, visibles ou pas elles n’en réduisent pas pour autant notre valeur. Au contraire, elles l’augmentent considérablement du fait de l’expérience vécue.
L’expérience devrait être ornée à la manière du Kintsugi car cela n’a pas de prix.
Le message caché que je perçois de cette technique ancestrale est d’être fière d’être encore là. Debout, vous vous êtes relevés après les coups et vous vous êtes renforcés.
Alors célébrez!
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Pour renforcer l’estime de soi, je vous invite à expérimenter la création de votre arbre de vie à travers des séances de coaching. L’arbre de vie vous donne la possibilité de vous ancrer dans votre vie actuelle en vous faisant accepter votre passé. Pour plus d’informations ici l’article dédié et la page.
[…] cela peut-être un critère important pour certains d’entre nous. Nous pouvons apprécier le recul que la personne a sur la vie, sur sa propre […]
Très intéressant, merci Corinne ! C’est magnifique le Kintsugi et ça illustre parfaitement la résilience…