Vous voici dans un bureau improvisé au sein de votre domicile. Jusqu’à maintenant le télétravail vous paraissait une mission impossible pour gérer une équipe à distance, communiquer avec vos clients et surtout, travailler « efficacement ». Ce n’est peut-être pas cette expérience de confinement qui va vous convaincre du contraire si vous devez, en parallèle faire l’école à vos enfants. Néanmoins, le télétravail vous offre de nombreux avantages et c’est le moment d’en profiter.
Je souhaite vous partager mon expérience de télétravailleuse que je pratique depuis quelques années entre 2 déplacements enrichie du bilan de la première semaine de confinement.
Ce petit virus destructeur a figé la France et une bonne partie de la planète. Rien ne sera comme avant. Il y aura un avant confinement et un après. Deux choix s’offre à nous: Observer ce que l’on peut faire et créer, ou , observer ce que l’on ne peut plus faire et s’apitoyer.
Dans quel camp êtes-vous?
Télétravail: « Télétravailleurs multitâches »/ »hyperparents »
La crise sanitaire que nous traversons face à la pandémie du Covid-19, nous fait vivre une période particulière et nous demande de nous improviser télétravailleur/instituteur/prof/animateur/babysitter…de quoi devenir un parfait « slasheur »!
La situation est exceptionnelle, c’est un changement profond, soudain, qui chamboule nos foyers avec en prime une dose de stress et d’inquiétude pour l’avenir. Que nous ayons l’habitude de travailler en home-office ou pas, dans ce contexte, nous n’avons guère d’autres choix que d’établir de nouvelles règles au sein du foyer pour que chacun puisse s’y retrouver.
Le moment idéal pour développer ses soft-skills!
Ces compétences douces, dites « comportementales » toutes aussi importantes que les compétences techniques. Nous y retrouvons -entre autres- car, la liste est infinie, la capacité de communication, la gestion du temps, la créativité, l’intelligence émotionnelle, la motivation, la curiosité… C’est une opportunité pour vous de mieux nous connaître, de les développer et de les démontrer. Ainsi vous mettez la lumière sur ce qui fait que VOUS êtes différent. Les soft-skills mettent en avant le capital humain et ne laissent pas la chance aux robots de nous substituer. Alors développons les!
Piste N°1: Identifier le stress, l’accueillir et le comprendre
C’est un changement subi et non choisi. Lors de cette première semaine de confinement, vous avez dépensé de l’énergie à intégrer la nouvelle, à vous organiser dans l’urgence, pour que votre famille et vous-mêmes ne manquent de rien.
LA RESISTANCE AU CHANGEMENT
Nos réactions face au changement sont identiques à celles éprouvées lors d’un deuil. Si l’on observe la courbe du deuil décrite par Dr Elizabeth Kübler-Ross, Psychiatre-helvético-Américaine, un processus composé de 5 phases se met en place pour s’adapter au changement et accepter la nouvelle situation. Après l’état de choc, s’en suis une période de déni (« mais ce n’est pas possible! »), de colère (« ils auraient pu faire attention! »), peur (« comment allons nous faire?! »), de tristesse (« je ne peux plus voir mes proches »), d’acceptation (« et si je faisais autrement »), de quête de sens (« quelque chose d’utile à autrui et en congruence avec mes convictions »), pour enfin retrouver paix et sérénité.
Capsule coaching : Dans quelle phase êtes-vous? Observez la situation d’une façon neutre en vous mettant de l’autre côté de la caméra. Que s’est-il passé ces derniers jours, que voyez-vous en tant que caméraman ?
Les nerfs vous tiennent mais qu’en dit votre corps ?
Votre corps vous donne des messages, prenez en conscience ne les ignorez pas. Ils vous aideront à comprendre ce qui est important pour vous. Ce qui vous met en colère, ce qui vous inquiète. Chacun à sa façon d’extérioriser son stress. Identifier la manière dont il se manifeste est une première étape de l’acceptation. Une fois identifié, vous pourrez poser des actions pour répondre à vos besoins.
Tant que vous ne prendrez pas le temps d’identifier exactement ce qui vous tourmente, vous ne pourrez qu’avancer avec ce boulet au pied. Libérez-vous-en ! Prenez le temps de la réflexion et n’hésitez pas à demander de l’aide d’un thérapeute, d’un coach pour vous accompagner.
Piste N°2: Choyer son environnement
Prenez le temps de ranger, arranger, créer votre bulle de travail dans laquelle vous vous sentez bien. Privilégiez une vue dégagée et un endroit lumineux. L’environnement joue un rôle important dans la qualité de concentration. Idéalement, c’est un endroit destiné au travail uniquement. Ainsi, vous pourrez « décrocher » plus facilement le midi et en fin de journée.
Je vous encourage à caler votre travail sur les horaires de bureaux pour être en synchronisation avec vos collègues et surtout, pour ne pas vous épuiser. Néanmoins, vu le contexte actuel, et si vous avez des enfants à la maison, vous allez jongler avec le rythme de votre foyer. La motivation peut être fluctuante car à domicile il est plus difficile de limiter les distractions. Posez votre cadre auprès de votre famille et discutez-en pour que chacun puisse trouver sa place.
EXPRIMER SES BESOINS
En cette période de crise où chacun intègre la nouvelle situation comme il le peut, je vous invite à utiliser la méthode de la Communication Non Violente qui ouvre le dialogue. La CNV consiste à exprimer ses besoins sans juger, ni imposer, ni ordonner vos souhaits à votre entourage.
- 1. Observer sans juger: « Quand j’entends la musique que tu écoutes le matin… »
- 2. Dire son sentiment en disant « je »: « Je me sens agacé… »
- 3. Exprimer son besoin sans parler d’action: « …car j’ai besoin de silence pour me concentrer. »
- 4. Demander sans exiger. « Est-ce possible pour toi d’écouter la musique avec des écouteurs? »
Capsule coaching : Qu’avez vous besoin de modifier dans votre environnement ?
Piste N°3: Nombre d’heures vs nombre de tâches
La bonne nouvelle est que vous allez gagner du temps en transports et donc en temps de travail. La mauvaise nouvelle est que vous allez avoir du mal à « décrocher ». De ce fait, compter le nombre d’heures n’est pas ce qu’il y a de plus judicieux., je m’explique:
Vous n’allez peut être pas pouvoir enchainer vos horaires habituels en plus de l’école des enfants et de l’intendance. Il vous faudra peut être synchroniser les horaires en fonction des besoins de votre foyer et des exigences de votre travail.
Un équilibre PRO/PERSO.
Travailler de chez soi peut paraître « cool » de loin, mais de plus prêt ça l’est moins. Vous l’avez expérimenté la semaine passée. Attention de ne pas en faire « trop », surtout dans le contexte actuel, vous ne tiendrez pas longtemps.
Et si vous confectionniez votre propre journée de travail ? Si par exemple vous aimez vous lever tôt et que vous êtes productif le matin, peut-être est-ce 2 heures de travail qui vous en feront gagner 4? Sans bruits, sans interruption, vous serez plus efficace et vous vous avancerez dans votre journée. Vous pouvez par exemple traiter vos courriels, y répondre en programmant l’envoi. Ainsi, vous pourrez démarrer votre journée plus tranquillement après avoir petit-déjeuner avec votre famille.
Capsule coaching : à quel moment de la journée êtes-vous le plus productif ?
Astuce : Faire chaque jour une « TO-DO LIST » hiérarchisée par priorités à court, moyen et long terme. Vous pouvez distinguer par exemple: 1. les tâches prioritaires urgentes 2. les tâches importantes mais non urgentes, 3. les tâches à déléguer non urgentes et non importantes. Il ne vous reste plus qu’à remplir les cases et poser sur le papier tout ce qui tourne dans votre tête.
Piste N°4: Lâcher prise
Vous allez avoir besoin de recharger les batteries en milieu de journée pour alléger votre charge mentale. Limitez l’accès aux informations qui créent une ambiance anxiogène. Si vous avez la chance d’avoir un jardin ou un bout de balcon mettez vous au soleil, faites une méditation, de l’activité sportive avec votre famille, vos animaux. Faites quelque chose qui vous énergise et qui ne vous relaxe pas au point de vous ramollir.
Lâcher prise sur ce que vous ne pouvez pas faire, modifier et contrôler. Déterminez tout ce qui vous est possible de faire avec ce que vous avez à disposition et octroyez le reste.
Astuce: Si vous avez besoin de calme pour vous concentrer sur une tâche en particulier et pour limiter l’épuisement, discutez avec votre famille d’un temps de calme pour tout le monde. Cela peut-être après déjeuner entre 14H et 16H, chacun fait des activités qui ne font pas de bruits pour que chacun puisse se ressourcer.
Capsule coaching : quel type d’activité vous ressource et vous énergise ?
Piste N°5: Une tâche à la fois
Travailler en télétravail demande de la discipline, de l’organisation et des efforts pour se concentrer. Qui plus est, en cette période de confinement où la maison est remplie, les distractions peuvent être nombreuses.
La concentration est votre allié stratégique. Le manque de concentration peut être une source de fatigue. Pour se faire, il est important de vous concentrer sur une seule tâche. Saviez-vous qu’à chaque interruption il vous faut 3 minutes pour vous concentrer de nouveau ?
- Coupez les notifications en mettant votre portable en mode avion le temps d’effectuer le plus gros de la tâche.
- Munissez vous d’un casque antibruit si le domicile est bruyant et si cela vous perturbe.
- Déterminez la durée de votre tache en fonction de votre mode de fonctionnement.
Capsule coaching : combien de temps pouvez-vous rester concentré ? 20 minutes, 45 minutes, 1H30 ?
Piste N°6: Faire une coupure
Entre deux tâches il est important d’indiquer à votre cerveau que vous passez à autre chose.
Faites un tour dans la maison, ouvrez la fenêtre, respirez l’air frais, faites des jumping-jack, un câlin à votre chat ou tout autre chose qui marque la fin d’une session de travail. Ainsi vous allez vous libérer de l’espace dans votre tête pour absorber d’autres informations, monopoliser de l’énergie pour vous concentrer sur un nouveau thème.
Capsule Coaching: Comment pourriez vous faire une coupure?
Piste N°7: Ne pas rester isolé
Pendant cette période de confinement, les moyens de communication se réduisent aux emails, au téléphone et aux systèmes de visio-conférences. Néanmoins, il est tout à fait possible de garder contact avec ses collègues et son entourage virtuellement en attendant des jours meilleurs. Certaines organisations ne fonctionnent que comme cela et ça fonctionne très bien.
La communication non-verbale, qui représente 70% de notre communication va, certes, manquer à vos échanges. C’est la présence de l’autre, le langage du corps, les expressions du visage, l’attitude qui complètent les informations et appuient nos intentions.
Les courriels sont un moyen de communication beaucoup utilisé en intra et inter-entreprise et c’est pourtant le pire moyen de communiquer. Impersonnel, dépourvu de toutes émotions, un email rédigé avec trop de spontanéité, peut être mal interprété par le destinataire. C’est pourquoi il est primordial de conserver les codes de politesse en commençant par un « bonjour », accompagné d’une phrase cordiale pour un supérieur hiérarchique ou sympathique pour un collègue. N’hésitez pas à ajouter de l’émotion avec des émoticônes pour appuyer vos dires et faire passer le message d’une manière plus douce.
Prenez quelques minutes pour appeler vos collègues, vos partenaires de travail pour avoir une petite conversation qui donnera la couleur de votre journée et vous aidera à mieux interpréter les courriels et messages reçus.
Usez de visio-conférences en groupe de travail pour avancer sur un projet. Leur présence en co-working à distance vous stimulera pour avancer sur votre partie, leurs suggestions et vos échanges nourriront votre travail. Cela ne demande pas de grandes préparations, il vous est possible de faire des visios avec divers applications comme facetime, whatsApp, Skype et Zoom qui dispose d’une version gratuite.
Capsule coaching: A quel moment de la journée pouvez-vous parler à un collègue, une amie, un membre de la famille?
Conclusion
La crise sanitaire que nous traversons nous demande un effort d’adaptation qui ne peut être que bénéfique pour notre évolution. Profitons-en pour prendre soin de nous et de notre entourage. Bichonnons notre peau, faisons une cure détox, jouons avec nos enfants. Autorisons nous à faire autrement.
Sans relâches, nous pouvons rêver, créer, visualiser le monde dans lequel nous voulons évoluer. Le temps est à l’introspection. Si nous voulons sauver la planète, il n’y a qu’une chose à faire en ce moment, c’est de restez chez nous et prendre soin de nous.
Je salue toutes les personnes exerçant un métier les exposants au virus chaque jour, merci pour votre courage et votre dévouement.
Je termine cet article avec cette phrase que j’aime beaucoup, j’ignore qui l’a cité et si ma retranscription est correcte, en tous les cas c’est ainsi qu’elle m’est restée :
« L’important dans la vie n’est pas ce qui vous arrive mais ce que vous en faites. »
Biblio:
- « Le chemin de deuil » Dr Elizabeth Klüber-Ross
- « Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) » De Marshall Rosenberg
- « Du JE au NOUS » L’intériorité citoyenne: le meilleur de soi au service de tous de Thomas D’Ansembourg
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